Mettre en lumière la création contemporaine

Lorsqu’il ouvre ses portes en 1929, quelques jours après le crack boursier du jeudi noir, le MoMa présente une collection de 200 œuvres toutes produites dans le demi-siècle qui venait de s’écouler. L’avant-garde, européenne surtout, est à l’honneur, de Van Gogh à Cézanne.

Alors que le goût dominant encense l’art académique, les trois fondatrices du lieu : Abby Aldrich Rockefeller, Lillie P. Bliss et Mary Quinn Sullivan, sélectionnent des œuvres résolument modernes, de celles qui interrogent le regard et élargissent le champ traditionnel de l’art. Avec Alfred Barr, premier directeur du musée, elles prennent le risque de choisir des œuvres qui ne font pas l’unanimité, qui interrogent le regard plus qu’elles ne le charment.

Etre moderne, c’est accorder d’emblée aux artistes contemporains le crédit que le temps court qui sépare la création de l’exposition de l’œuvre peine à leur donner.

Faire fi des catégories

Les choix opérés au MoMa, dès sa création, témoignent de l’esprit d’ouverture du musée à toutes les formes d’art, bien au-delà de la peinture et de la sculpture qui constituaient traditionnellement l’essentiel des collections d’art jusqu’alors. Elargir le champ de l’art et ouvrir les portes de l’institution à des formes d’expression artistiques nouvelles caractérise la démarche du MoMa dès ses premières années.

Dans l’esprit de Duchamp, qui en 1912 affirmait « C’est fini la peinture » après avoir vu une hélice au salon de l’aéronautique, le design industriel franchit les portes du musée. La photographie fait aussi son apparition sur les cimaises, puis les affiches, dont l’exposition de la Fondation Vuitton présente quelques très beaux exemplaires. Les installations, les œuvres vidéo et numériques suivent naturellement. Décloisonner les disciplines est une démarche qui prévaut jusqu’à aujourd’hui.

L’art participatif

Le désir d’innovation qui préside aux choix du MoMa depuis sa création mène naturellement à considérer des œuvres qui incluent le spectateur dans la démarche artistique.

Deux œuvres présentées dans l’exposition illustrent cette démarche dont Measuring the universe de Roman Onda (2007). Cette œuvre est évolutive : le visiteur marque sa taille sur le mur de la salle du musée, en direct, et il ajoute son nom et sa date de naissance. Et l’œuvre est constituée de ces inscriptions successives qui forment un dessin. Dans le même esprit, Janet Cardiff propose au spectateur de déambuler au cœur de son œuvre intitulée The Forty Part Motet (2001). Quarante haut-parleurs diffusent chacun une voix d’un même morceau de musique composé en 1570, autorisant le spectateur à circuler librement, comme s’il se trouvait au milieu des chanteurs.

Entrer dans l’œuvre, en devenir créateur, être moderne.