Science et dessin

Redouté a vécu à la charnière des 18ème et 19ème siècle, une période où tout bascule politiquement. Il est un domaine pourtant dans lequel les soubresauts de l’histoire politique n’affectent en rien les progrès : les sciences, et parmi celles-ci la botanique. Les voyages au long cours permettent la découverte de nouvelles espèces si nombreuses que les herbiers constitués et les croquis effectués au bout du monde foisonnent, nourrissant un imaginaire que l’exotique fascine. Ce recensement précis mobilise le talent d’artistes qui se spécialisent au point de se consacrer entièrement à la représentation de ces espèces végétales, au premier rang desquels Redouté, dont la grâce impressionne et lui vaut le surnom de « Raphaël des fleurs ».

Il est officiellement nommé peintre pour les vélins du Museum d’Histoire naturelle, héritier du jardin du roi, en 1793.

Hymne à la nature

Ce qui fait la beauté de l’art de Redouté ne tient pas  à l’originalité du regard qu’il porte sur ce qu’il donne à voir mais plutôt  à son souci constant de rendre compte, avec une rigueur toute scientifique, de ce qu’il a sous les yeux. Fidélité absolue à la nature, au point de renoncer parfois à l’usage de la couleur pour éviter que ses nuances ne viennent nuire à la représentation du réel. Loin de refuser cette contrainte, Redouté en fait le principe fondateur de son oeuvre. L’acte créateur tient dans la restitution de la Création.

Le motif fait la mode : la féerie des fleurs

Par sa peinture florale, Redouté s’inscrit dans un mouvement qu’il nourrit : la mode des fleurs. Elles sont partout dans les arts décoratifs des années 1820-1830. Elles parfument les coiffures, les intérieurs et les jardins, et leurs représentations ornent les éventails, les robes, les vases et les papiers peints. A l’image de celle où Joséphine faisait pousser les espèces exotiques qui lui rappellent son île natale de la Martinique, « Paris est une serre » !